Dans le tumulte quotidien des établissements de santé, il est fréquent de voir la communication devenir un outil unidirectionnel. Le soignant explique, informe, dirige… et le patient écoute. Ce modèle, hérité d’une culture hospitalière encore très hiérarchisée, est ce qu’on appelle la communication descendante.
Mais derrière son apparente efficacité se cache une problématique relationnelle majeure : celle d’un déséquilibre dans l’échange, qui peut nuire à la qualité des soins et au vécu du patient.
Qu’est-ce que la communication descendante ?
C’est une forme de communication verticale, où l’information circule du « haut » vers le « bas ». Dans le monde du soin, cela se traduit souvent par :
- Des consignes données sans explication ou contextualisation,
- Une parole soignante dominante, peu ou pas interrompue,
- L’absence de vérification de la compréhension du patient,
- Un dialogue peu ouvert, où les questions sont rares ou fermées.
Ce type de communication peut être involontaire. Elle est parfois le résultat d’un manque de temps, d’une surcharge émotionnelle, ou simplement d’un modèle de formation centré sur le « faire » plutôt que sur l’« être ».
Pourquoi cette posture pose problème
Si elle peut sembler pragmatique dans certaines situations d’urgence, elle peut rapidement devenir une barrière relationnelle :
- Le patient peut se sentir infantilisée, passif, dépossédé de son pouvoir d’agir.
- Le soignant peut perdre le contact avec les ressentis, les inquiétudes ou les besoins profonds de la personne accompagnée.
- Le lien de confiance peut se fragiliser, rendant les soins moins efficaces.
Dans une relation thérapeutique, la qualité de la communication n’est pas un luxe. Elle fait partie intégrante du soin.
De la parole descendante à la parole co-construite
Améliorer la qualité de la relation soignant-soigné implique de transformer la posture de communication. Voici quelques pistes :
- Écouter activement : laisser de l’espace pour que le patient s’exprime, même brièvement.
- Poser des questions ouvertes : « Comment vous sentez-vous aujourd’hui ? » plutôt que « Ça va ? ».
- Reformuler : vérifier qu’on s’est bien compris.
- Faire preuve d’humilité relationnelle : accepter que le patient a une expertise sur lui-même.
Vers une communication plus humaine
Changer sa manière de communiquer, ce n’est pas renoncer à son autorité ou à son rôle de soignant. C’est au contraire renforcer la relation de soin en l’ancrant dans une écoute active, un respect mutuel et une alliance thérapeutique.
Dans mes accompagnements et formations, je travaille à déconstruire ces réflexes descendus pour réhabiliter une communication consciente, vivante, émotionnelle et incarnée.
Parce qu’en fin de compte, soigner, c’est d’abord écouter.
Céline.